Saison 1, épisode 04

Le groupe marche depuis deux heures, Nova et Semnia en tête, Rocann aux côtés d’Océane et Gaëlla derrière Angèle et son frère.
-Au fait, vous ne nous avez pas dit où nous allions. dit Océane
-C’est vrai ! Vous n’êtes pas au courant tous les deux… En fait, nous nous rendons à Béronas pour y délivrer Aravis de son sceau. répond Nova
Rocann est abasourdi à l’écoute de ces propos.
-A… Aravis ! Le magicien sacré ?! dit-il
-Ouaip ! dit Staël
-Comment est-ce possible ? Cela fait 137 ans qu’il a été scellé pour sauver la ville. Les plus grands mages n’ont pu trouver un moyen de défaire ce sceau à l’époque. reprend Rocann
-A l’époque, justement. Les mages de Prémora ont étudié le sceau et se sont rendu compte que sa résistance diminuait avec le temps. Ils ont mis quinze ans pour condenser suffisamment de magie dans un orbe afin qu’il puisse défaire ce sceau. Et cet orbe, nous l’avons en notre possession. répond Semnia
Rocann met du temps à revenir de la nouvelle. Il fait alors une mine réjouie.
-C’est extraordinaire ! Je vais pouvoir rencontrer mon idole, celui qui m’a inspiré !
-Ca ne lui aura pas déplu longtemps de vous suivre… dit Océane un peu sarcastique
Angèle est un peu intriguée.
-Qui était-ce ? Je me souviens vaguement que mon père m’en a parlé, mais…
-Aravis était un grand magicien qui maniait avec une grande dextérité la magie de la lumière. Tout au long de sa vie, il a voyagé aux quatre coins du continent et s’est servi de ses pouvoirs pour aider ceux qui étaient dans le besoin. dit Rocann, passionné
-Mais un jour, alors qu’il avait 53 ans, une entité mystérieuse a été entendu à Béronas et a voulu s’emparer de tous les esprits de la ville. Aravis s’est sacrifié en se faisant scellé pour éviter que les habitants ne se fassent tués. continue Gaëlla
-On a même construit un monument à son effigie au pied duquel est apposé le sceau où il a été enfermé. poursuit Rocann
-Et ce sceau, nous allons le briser dans trois heures environ ! termine Nova
-… Une seconde ! Si ça s’est déroulé il y a 137 ans, alors Aravis doit être mort à l’heure qu’il est ! s’exclame Angèle
-Les habitants ont rapporté que l’entité qui l’a scellé a du même coup stoppé son processus de vieillissement pour qu’il endure éternellement cet emprisonnement. dit Semnia
Ils quittent l’herbe pour rejoindre la route. Ils aperçoivent sur le côté un homme assis, portant une cape et une capuche blanches ainsi que des gants blancs, qui se tient la jambe gauche. Ils accourent alors vers lui.
-Vous allez bien, monsieur ? demande Semnia
Elle aperçoit alors son visage : il a de courts cheveux châtain sous sa capuche et des yeux marrons.
-Euh… Oui, c’est juste une égratignure. dit-il
Elle semble tomber sous le charme de ce visage et de cette voix. Nova remarque son expression, un peu déconcerté.
-Je vais vous arranger ça. dit Rocann
Il pose ses mains sur la blessure qui guérit au bout de quelques secondes. L’homme se relève.
-Merci beaucoup pour votre aide.
-Ce n’était pas grand-chose… Mais que faites-vous seul sur cette route ? rétorque Rocann
-En fait, je rentrais chez moi après avoir vendu toutes mes marchandises dans différents villages du coin.
-Vous êtes donc un marchand ambulant ? demande Gaëlla
-C’est exact : Favart, pour vous servir.
-Et comment pouviez-vous transporter vos marchandises sans moyen de transport ? questionne Nova
-En fait… Je me suis fait attaquer en chemin et la seule chose que ces bandits m’ont laissé, c’est la blessure que votre ami vient de soigner. répond-il, l’air un peu embarrassé
-Et vers où habitez-vous ? demande Semnia, d’un regard attentif
-Ma maison se situe au nord de Béronas.
Semnia semble enjouée de cette nouvelle.
-Ca tombe bien ! Nous allons nous aussi vers cette ville. Vous pouvez venir avec nous, comme ça, vous serez en sécurité. (Elle se tourne vers Nova) Cela ne pose pas de problème ? demande-t-elle en faisant les yeux doux
-… Il peut venir. répond-il en tournant la tête, un peu agacé

Au centre de la ville de Béronas se dresse une statue de bronze en l’honneur d’Aravis. Elle représente un homme à l’allure fière, portant une barbe et les cheveux mi-longs. Au pied de la statue est incrustée une pierre bleue claire dont la forme fait penser à un losange placé sur un hexagone, ornée d’une petite pierre ovale violette.

(flash-back)
Aravis entra sur le qui-vive à Béronas. Il avait les cheveux gris, ainsi que la barbe. Un des habitants vint s’adresser à lui.
-Vous êtes le grand Aravis ?! dit-il, un peu fasciné
-Nous parlerons plus tard de ma notoriété. Je n’étais pas très loin et j’ai appris que la ville avait un problème, alors je me suis dépêché.
Il remarqua alors un champ de force devant lui s’étendant en demi sphère.
-… Que se passe-t-il au juste ici ? demanda-t-il, un peu troublé par cette vision
-Cette barrière est apparue il y a quelques heures. On n’arrive pas à communiquer avec ceux qui sont à l’intérieur. On sait juste qu’on peut y pénétrer mais pour l’instant, personne n’en est ressorti. répondit l’habitant sur les nerfs
-… J’y vais !
-Mais…
Il n’eut pas le temps de continuer sa phrase qu’Aravis entra dans le dôme. Il y découvrit de nombreux visages touchés par la crainte. Soudain, une puissante voix résonna.
-Une autre personne est venue, et son énergie dépasse de loin celle de quiconque ici. fit la voix
Aravis se dirigea vers le centre du dôme. Il y vit une dense fumée d’où provenait cette voix. Plusieurs soldats étaient par terre à proximité, mal en point. Il se dirigea vers eux.
-Il est… trop fort… Nous n’avons rien pu faire… dit l’un d’eux
-Même avec ta puissance, tu ne peux rien contre moi. Si tu veux m’attaquer, tu finiras dans le même état que ces soldats. reprit la voix
-Vous ne m’en voulez pas si j’essaie ? (Il se mit en position d’attaque) Sphera Lumna !
Des boules de lumière sortirent de ses mains. Mais elles furent retournées à leur expéditeur avant d’atteindre la fumée. Aravis se les prit de plein fouet et tomba à terre.
-Ce que tu viens de faire était idiot et inutile.
Aravis se leva, un peu sonné.
-… Que comptez-vous faire de tous ces gens ? demanda-t-il
-En réponse à une offense, ils doivent tous être sacrifiés pour que l’équilibre soit rétabli.
Les gens autour prirent encore plus peur qu’avant.
-De quelle offense s’agit-il ?! s’exclama Aravis
-Tu n’es pas assez fort pour que je te le dise.
-… N‘y a-t-il rien à faire pour épargner la vie de ces innocents ?
Un silence passa. On aurait dit que l’entité réfléchissait.
-… Il y a effectivement un moyen. Tu es tout de même assez puissant pour endurer à toi seul le tourment qui leur est destiné. Mais il te faudra pour cela endurer l’une des pires souffrances pour l’éternité. Es-tu prêt à vivre cet enfer pour sauver leurs vies ?
Aravis regarda tout autour de lui les visages des hommes, femmes et enfants, touchés par la crainte.
-… Oui, je le veux. Faites votre office.
-Tu vivras éternellement, mais tu ne connaîtras plus le bonheur.
Un rayon bleu foncé toucha alors Aravis, le transformant en la pierre qui est incrustée au pied de sa statue 137 ans plus tard.
(fin flash-back)

Le groupe, accompagné par Favart, est presque arrivé à Béronas. Nova transporte Angèle sur son dos.
-Au fait, Favart, pourquoi portez-vous des gants alors qu’il fait loin d’être froid ? demande Semnia, gentiment curieuse
-En fait, je supporte mal la saleté et je les porte en permanence pour ne pas me salir les mains… dit-il, un peu gêné
-Ca ne doit pas être pratique pour un marchand ambulant : comment les gens réagissent quand vous leur serrez la main ? demande Staël
-… Les gens supportent assez bien cette manie.
-Et à part ça, avez-vous d’autres manies ? continue Semnia, un peu espiègle
-Nous sommes arrivés. les coupe Nova, un peu maussade, en posant Angèle par terre.
Devant eux s’étend l’entrée de la ville, protégée par des murs de toutes parts, laissant deux entrées au Nord et au Sud.
-C’est là qu’on se sépare. Je dois prendre l’entrée Nord pour rentrer chez moi.
-Nous pourrions vous accomp…
-Bon retour chez vous. Nous avons quelque chose d’important à faire. dit Nova en coupant Semnia
Favart s’éloigne saluant le groupe de la main. Ils lui répondent, Nova sans grand plaisir et Semnia visiblement un peu déçue.
-Il faut que nous brisions ce sceau. dit Nova
-Ne serait-il pas plus prudent d’informer au préalable les habitants de ce que nous comptons faire ? Ils risquent de ne pas comprendre s’ils nous voient faire de la magie sur le sceau renfermant leur ancien sauveur. dit Gaëlla
-… Tu as raison. Allons d’abord voir le chef de Béronas.

Le chef, assis sur sa chaise et entouré de deux conseillés, n’a pas l’air de croire le groupe en premier lieu. Il a environ quarante ans.
-Vous voulez me faire gober que vous êtes ici pour briser le sceau d’Aravis !? dit-il, ironique
-C’est la vérité ! Nous avons même une lettre de Prémor attestant de notre bonne foi. dit Nova
Il donne une lettre au chef, qui la lit puis la passe à l’un de ses conseillers qui l’examine alors.
-Il n’y a pas d’erreur : c’est bien le sceau  de Prémora. affirme le conseiller
-Alors c’est vrai ? Vous comptez libérer Aravis, notre sauveur, de sa prison ?! reprend le chef, qui est passé du doute à l’excitation
-En effet. dit Gaëlla
-Dans ce cas, je vais prévenir les habitants. Il y a de fortes chances que vous ayez un public lors de la libération ! dit-il, enjoué

Le groupe est désormais à la place centrale, où une foule de gens curieux et impatients s’étaient regroupée. Nova s’avance vers la statue d’Aravis en sortant l’orbe de son sac.
-C’est maintenant qu’on va voir si ça marche… dit-il tout bas

(flash-back)
Aravis tournait en rond dans un cube bleu clair de deux mètres de longueur ne lui laissant apercevoir que le néant aux alentours. Il s’assit au bout d’un moment, soupira, et mis sa tête entre ses bras.
"Nous sommes mal partis." entendit-il
Cette voix lui était très familière. Il se leva, surpris.
-Qui est là ?! cria-t-il
"Je suis toi."
-… C’est impossible !
"A quoi t’attendais-tu ? Au bout de trente années d’enfermement dans ce trou à rats, tu devrais plutôt être surpris de ne te parler à toi-même que maintenant." dit la voix, ironique
-… Je saurai échapper à la folie. dit Aravis en essayant de se reprendre
"Fais retarder aussi longtemps que tu voudras l’inévitable, mais un jour, je sais que tu me parleras."
(fin flash-back)

Nova lance l’orbe au pied de la statue. Une intense lumière s’y échappe alors et recouvre le sceau, qui se met à craqueler de toutes parts. Il implose alors dans une fumée dense. Cette fumée se dissipe et Aravis en sort, les vêtements très usés. Les spectateurs restent abasourdis à la vision de celui-ci. Il regarde tout autour de lui, sans rien dire. Nova s’approche alors de lui.
-Vous êtes bien Aravis ? demande-t-il
-… Où suis-je ?
-Vous êtes à Béronas. Nous avons pu vous desceller grâce à un orbe magique.
Aravis réagit au nom de la ville. Il semble sur le point d’éclater.
-Bé… ronas !
-… Vous allez bien ?
-Ultima !
De son corps se propage alors une forte explosion lumineuse.

(flash-back)
Aravis tournait encore dans son cube, essayant d’ignorer la voix qui lui parlait.
"… Tu te rends compte qu’à l’heure qu’il est, on devrait croupir sous une tombe depuis plusieurs années… Je suis sûr que tu préfèrerais ça. (Il marche un peu plus vite) A ton avis, ça fait combien de temps que les gens ont oublié ton geste pour eux, cinq, dix ans ? (Il marche encore plus vite) De plus, une grande partie d’entre eux doit être morte à l’heure qu’il est… (Il accélère de nouveau la cadence) En fin de compte, ça n’aura pas servi à grand-chose que tu te sacrifies."
-C’est faux ! Grâce à moi, ils ont tous eu une vie plus longue ! explosa Aravis
"Et notre vie à nous ! Nous sommes enfermés dans une cage pour l’éternité tandis qu’ils vivent leurs vies tranquillement !"
Aravis s’assit, posa sa tête entre ses bras et se met à pleurer, comme croulant sous le poids de sa situation.
"Tu peux craquer tant que tu veux, mais n’oublie pas par la faute de qui tu t’es retrouvé dans cette position."
Il dégagea sa tête de ses bras, avec un regard haineux.
-Béronas !… dit-il d’une voix désireuse de vengeance
"Oui ! Ce sont les habitants de cette ville qui sont la cause de notre souffrance. Ils ne méritent que la mort !"
(fin flash-back)

Le groupe, privé de Nova, se relève sonné, peu touché par l’explosion. Ils aperçoivent autour d’eux ceux qui étaient venus, plus ou moins blessés. La fumée produite par l’explosion se dissipe alors, montrant Aravis tenant par le cou Nova, grièvement blessé.
-Nova ! crie Semnia
-Semnia… dit-il faiblement
-Pourquoi faites-vous ça, Aravis ? Vous êtes censé être un héros pour tous ces gens ! dit Rocann, encore sous l’effet de la stupéfaction
Aravis ne semble pas faire attention à ses paroles. Il a le regard empli de haine et de folie.
-Béronas… doit… mourir ! Je ne laisserai personne ici survivre ! (Il devient de plus en plus furieux) Lesora ! crie-t-il
De grands lasers de lumière sortent de sa main et visent les personnes présentent. Semnia, Gaëlla et Staël arrivent à les éloigner de l’attaque avant qu’elle ne les touche. Aravis semble s’impatienter de plus en plus.
-Mourir !… Vous devez tous mourir !
-Je me suis préparé à pas mal de choses concernant ce qui aurait pu arriver au grand Aravis, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ça.
La voix provient de derrière Aravis et le stoppe dans son élan. Il se retourne et voit Favart, qui a baissé sa capuche.
-Favart ? dit Semnia
-C’est pathétique, pour un homme avec un tel passé, d’en être réduit à une telle loque. Tu ne vaux plus rien désormais. reprend-il, assez hautain
-Tu me considères comme insignifiant ?! s’énerve Aravis
-Et si c’était le cas ? dit-il, ironique
Aravis jette Nova par terre et se lance vers Favart.
-Sphera Lumna !
Il lui envoie deux boules en sautant par-dessus lui. Favart les réceptionne avec ses gants. De la fumée apparaît alors deux mains griffées en métal sombre. Aravis n’a pas le temps d’atterrir que Favart lui bondit dessus et lui entaille le ventre de ses griffes, le faisant agonir pendant dix secondes. Aravis s’écroule alors par terre, mort.
Le groupe s’est regroupé autour de Nova tandis que Rocann le soigne. Ils sont stupéfaits du bref combat qu’ils ont vu, surtout Semnia.
-Qui êtes-vous vraiment, Favart ? demande-t-elle
-Mon vrai nom est Lek. Je suis au service de Baki.
-Ce… Ce n’est pas vrai… dit Semnia, qui n’en revient pas
-… Pourquoi tu ne nous as pas attaqué avant alors qu’on avait notre garde baissée ? demande Nova, qui commence à récupérer
-Ne me comparez pas à Veblen. Je n’affronte personne à la déloyale.
-Qu’est-ce que tu fais avec Baki ? demande Océane
-J’ai mes raisons… Je vous quitte, mais je pense qu’on se reverra très bientôt.
Il brandit le même cristal qu’avait Veblen et disparaît alors.
-Je ne m’attendais pas à ce qu’on ait autant d’ennemis… dit Gaëlla
Les habitants se regroupent autour du cadavre d’Aravis.
-Ce n’est pas un héros ! C’est un monstre !
-Nous avons perdu notre temps à le glorifier !
Le corps croule sous les insultes. Rocann finit par éclater.
-Vous n’avez pas honte ! (Ils se taisent) Cette personne s’est sacrifiée pour les autres et vous le dénigrez parce qu’il a succombé à la folie, alors que nombre d’entre nous auraient fini pareils !
-Rocann… dit Océane

Le groupe sort de Béronas, avec une nouvelle charrette et de nouveaux chevaux.
-Je ne comprends pas. Si c’était un grand héros, pourquoi s’en est-il pris à tout le monde ? demande Staël
-Vivre tout seul et sans distraction pendant si longtemps lui a fait perdre la tête. Nous aurions du y penser… A cause de nous, beaucoup de gens ont été blessé. Heureusement qu’il n’y a pas eu de mort. répond Gaëlla
Océane s’approche de Rocann.
-On ne sera pas beaucoup resté… (Il ne répond pas) Je suis désolée, Rocann.
-… La personne qu’on a rencontrée n’était plus le magicien sacré depuis longtemps. dit-il pour se convaincre
Semnia, qui conduit la charrette, semble en peine. Nova vient lui parler.
-Est-ce que ça va ? demande-t-il, préoccupé
-… Aucun problème ! répond-elle avec un sourire forcé

Lek entre dans la même pièce sombre dans laquelle discutait Veblen, où il est attendu par celle avec qui ce dernier parlait, toujours aussi calme.
-Aravis est mort. dit-il
-Pourquoi n’en as-tu pas profité pour te débarrasser de ces "héros" ? demande-t-elle, toujours impassible
-… Prince Baki ne m’en a pas donné l’ordre direct. Mais j’ai rapporté quelque chose qui pourra l’intéresser.
Il sort de sa poche un orbe magique.